Est-ce qu’il vous arrive parfois de vous retourner dans tous les sens le soir, dans votre lit, sans pouvoir trouver le sommeil ? Si la réponse est oui, alors peut-être que vous puiserez un certain réconfort dans les pages du bookleg #33 : Poèmes anxiolytiques de Dominique Massaut.
Dominique Massaut (alias DomM) est un poète et slameur liégeois, auteur d’une douzaine de livres, dont deux booklegs. Il est le fondateur des premières scènes slam de Belgique francophone ainsi que des incontournables 24h slam de Liège. C’est un artiste qui aime essayer plusieurs styles d’écriture différents :
« Poursuivant mon brouillage de pistes, je m’acharnerai en outre à explorer, pour chaque livre/disque/spectacle… des formes esthétiques différentes, de telle façon qu’on ne s’attache pas à mon œuvre pour des raisons, selon des critères, purement formels. »
Dominique Massaut, Une démarche artistique
Mais plus qu’un artiste polyvalent, DomM se décrit surtout comme le « diseur d'une écriture dans le corps en rhizome » (Poète/ Notice). Le rhizome est une image utilisée par les philosophes Gilles Deleuze et Félix Guattari dans Mille Plateaux, faisant référence à une structure qui évolue constamment dans toutes les directions de manière non-hiérarchisée. Comme les multiples racines du rhizome, le poète irait puiser son expression dans l’inintelligible chaos que forme son expérience de vie, inscrite dans son corps.
« Depuis toujours, mes outils sont les mots du poète, et la voix que porte le corps. Lorsque le poète pense, il s’agit que la pensée lui traverse le corps, y séjourne, y broute et y rumine, comme une vache, oui, y dorme, y disparaisse, en ressurgisse, jusqu’à prendre une forme vocale et intuitive. Je travaille donc beaucoup aux évocations sensorielles, ainsi qu’au rythme, à l’allitération, pour créer, dans ma poésie, des objets sonores, presque physiques, à la musicalité malaxée. »
Dominique Massaut, Une démarche artistique
Dans Poèmes anxiolytiques, cela se traduit par une multitude de références à des réactions physiques en lien avec le sommeil. Tour à tour, le poète nous invite à « bailler », à nous « enfoncer » dans les profondeurs du sommeil, à avoir les « paupières closes », et à « lâcher tout ». Les répétitions de certaines phrases telles que « dormir, enfin » ainsi que des allitérations en « s », et en « z » bercent le lecteur. Enfin, la typographie invite au lâcher-prise et à la décompression :
Le petit format de bookleg, composé d’une vingtaine de pages seulement, en fait le livre idéal à lire pendant une insomnie. Le format le rend aussi facile à transporter ; un murmure rassurant à emporter chez soi comme en déplacement, au creux l’oreiller.
Marina Grigoriou
Avril 2021
