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jeudi, 15 mai 2025 12:20

La Fabrique à cercueils de Jérémie Tholomé

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Jour après jour, le réveil puis le travail, dans une éternelle boucle infrangible, tel Sisyphe et son rocher. L’être humain est un automate absorbé par la « ville-usine », monde-usine, qui l’avale tout entier pour le cracher, vidé de soi, de tout.
Aujourd’hui, dans les open spaces écrasants, prisons déguisées, on enferme corps et esprit. Le travailleur brainstorme, mais la tempête qui gronde n’a pas le droit d’être exprimée. Il garde les yeux rivés sur le cloud, à défaut de pouvoir rêver la tête dans les nuages. Les pixels dansent sous ses yeux, sous le rythme du métronome invisible qui sous-tend le système. Usine moderne, la charade exigeante se répète encore et encore.
Derrière le grand sourire du networking et des afterworks, derrière le jargon lisse et creux du corporate business, derrière la famille accueillante du travail se cache un monstre carnassier qui piétine l’être humain, qui le musèle, qui l’étouffe et qui exige compliance, obéissance, pas de résistance, juste de la performance au travail, et mettez-y de la joie surtout.
La Fabrique à cercueils, ce sont quatorze poèmes engagés, quatorze appels au réveil, quatorze cris pour briser le silence imposé. Jérémie Tholomé dénonce le quotidien que l’on nous a forcés à internaliser, que l’on a normalisé : que l’on doit briser. Il se livre à un travail poétique, libre, qui s’adresse à chaque corps pris dans l’engrenage de la Fabrique à cercueil. Sa poésie est là pour nous sortir de notre sommeil, nous secouer de notre torpeur. Elle dévoile l’exploitation que l’on nous cache derrière une surface homogène et propre. Elle nous met en garde également. Peut-être, l’être humain cessera d’être un outil-automate avant qu’il ne soit trop tard et qu’il ne se fasse dévorer par le système qui n’en recrachera qu’un squelette lisse et brillant.
Peut-être, je le souhaite, les fabriques à poésie pourront un jour remplacer la fabrique à cercueils.
 
Day after day, the alarm, then work: an unbreakable, endless loop, like Sisyphus and his boulder. The human being is an automaton, swallowed by the “city-factory” - the world-factory - only to be spat out emptied of everything, emptied out of themself.
Today, bodies and minds are being locked away in crushing open spaces - a prison in disguise.  Workersbrainstorm -  but expressing the brewing storm is not allowed.
Their eyes are riveted on the cloud storage - but they cannot dream, no head in the clouds.   Pixels dance before their gaze, to the rhythm of the invisible metronome underpinning the system. A modern factory, the rigorous charade repeats itself again and again.
Behind the wide smile of networking and afterworks, behind the polished and hollow jargon ofcorporate business, behind the welcoming work family lurks a carnivorous monster that tramples on human beings, muzzling them, suffocating them and demanding compliance, obedience, no resistance, just acceptance – and above all, put some joy into it.
La Fabrique à cercueils (literal translation “The Coffin Factory”) is a series of fourteen engaged poems. Fourteen wake-up calls, fourteen cries to break the enforced silence. Jérémie Tholomé denounces the daily routine that we have been forced to internalize, that we have normalized – that we must dismantle. His free, poetic work is intended for each and everybody caught up in the gears of the “Coffin Factory”. Jeremie’s poetry is here to wake us from our slumber, to shake us from our torpor. It reveals the exploitation hidden from us behind a slick and pristine surface. It also warns us. Perhaps, human beings will cease to be tool-automats before it is too late, and they get devoured whole by the system – which will spit out nothing but smooth and shiny bones.
Perhaps, I hope, poetry factories will one day replace the Coffin Factory.
 
 

by Héloïse le 15/05/2025

 
 
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