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jeudi, 22 avril 2021 13:34

Tom Buron, le volcan dingue

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Depuis ma descente dans le Maelström lors du Fiestival 2020 j’ai l’habitude de me prendre des gifles poétiques - ça réveille et ça tient éveillé.

“Ce mec compose ses poèmes comme du Jazz”, c’est ce qu’on m'avait dit.

J’aime le Jazz. Alors j’ai lu Nostaljukebox et bam. Alors j'ai lu Nadirs et bam. Merci, Tom Buron.

Un jour une femme est passée à la boutique. Elle cherchait des textes, pour son duo avec son amoureux. Lui improvise au Sax, elle déclame. Je lui ai conseillé Nostaljukebox “pour commencer”. Elle est revenue deux jours plus tard pour repartir avec Nadirs. Si vous vous pointez à la boutique, cette fois, je vous mettrais directement Nadirs dans les mains, ça ira plus vite et vous économiserez trois pauvres dollars.

Nadirs est un recueil de trois textes - Timbales téléphoniques, Nostaljukebox, Le Blues du 21ème siècle - d’un Prologue et d’une Coda (preuve que ce recueil est composé comme une œuvre musicale). Nadirs est une machine à laver, le rythme circulaire ne laisse sortir la tête de l’eau que rarement et on en sort sans souffle. C’est une machine à laver, certes, mais qui ne tourne pas en rond, les cercles concentriques dessinés par les vers ont une direction - Nadirs est un torrent, high débit high. Le recueil a une mission (d’où la direction) : “la réhabilitation du Soleil” (le nadir est la position de l’étoile à minuit, l’opposé du zénith). J’ai envisagé Nadirs comme une course nocturne, à la recherche de l'astre, guidé par une promesse :

À l’aurore,
          tu seras le seul moteur au monde à vibrer

et une idée :

mais peut-être pourrions-nous
                       rouler jusqu’au côté ensoleillé du continent ?

C’est une poésie des trottoirs habillés de blue, de la marche ivre mais lumineuse - toujours - et debout, face à l’infini, couteau-villanelle entre les dents. Le moteur qui vrombit et des cris de vie qui rappellent les lettres de Cassady. Avec la dignité du chercheur d’or les doigts sur la gâchette, Buron, en mouvement, nous emmène dans les suburbs solaires jusqu’au Mexique où le face-à-face avec la mort sonne comme réanimation. La lumière, c’est à l’intérieur qu’il la cherche et la trouve - il envisage sa poésie comme du "shadow-boxing", une guerre à mains nues avec son ombre, une croisade intérieure pour rester, à tout prix, Illuminé. Woyyyy !

Et voilà, frère,
la chaleur douteuse des premières chutes
les premières minutes de la nouvelle date -
Et voilà, frère,
qu’est-ce que tu fous ici ?
le frein à main
des soleils et des astres
tout est là - dans les protos phrases
poèmes Woyyyy ! - Grande Usine Souterraine !

Buron est un volcan dingo. Sa poésie est faite pour être dite en musique, et il me tarde de l’entendre.

Si tu veux me payer un litre & entendre une fable
Tu me trouveras en l’Olegario

Entendu.

JAZZ JAZZ O JAZZ JAZZ.

Louis Martin 

Nadirs, Tom Buron, Maelström éditions, mai 2019

(PS : Nadirs m’a fait le même effet qu’une oeuvre composée par d’autres chasseurs de soleil (tant par leur nom que par leur son) : The Heliocentrics - The uncertainty principle 


 

 

 
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