Montagne de Bueren, un matin de septembre /
tu te souviens d’avoir été ce lent grimpeur /
combien de fois déjà dans l’ombre ou la
lumière / seul ou accompagné du fantôme / d’un
poète qui boite / et te parle de Liège en rêve et
en ivresse : / « Mis bout à bout tous les escaliers
de Liège / conduiraient à la lune ou au centre
de la terre / L’entrée des escaliers souterrains
se trouve / au pied des remparts d’Hocheporte /
Porte secrète dissimulée sous les fleurs » /
Il est encore là et te parle à l’oreille / de sa voix
précise, sinueuse et insinuante / interrogeant ta
vie et ses envies muettes / cette vie aujourd’hui
à l’image de quoi ? / de quel piètre gâchis ? /
Tu t’es trompé Tu as trompé / Tu t’es trahi Tu as
trahi / Tu as plongé et nagé en eaux troubles /
Tu as élevé le mensonge en principe vital /
et tu es encore là / Tu as abandonné On t’a
abandonné / Tout le monde te manque /
Où dorment tes amis ?